#16 – Songbird – Jesse Colin Young

La bibliothèque de vinyle trône désormais au milieu de notre salon. Tout le monde a maintenant accès aux sacro-saints disques. C’est Capucine ce matin qui est venue me voir avec un album tout rouge entre les mains : Jesse Colin Young Songbird. Un artiste américain qui nous a quittés il y a quelques mois, le 16 mars 2025, à l’âge de 83 ans. Faisons-lui honneur cette semaine avec cet article.

Une voix, une époque, un rouge flamboyant

Sorti en 1975, Songbird est un album de Jesse Colin Young, figure du folk américain et ancien membre du groupe The Youngbloods. C’est avec eux qu’il a chanté Get Together, une chanson devenue emblématique du mouvement pacifiste des années 60. Après la fin du groupe, Jesse prend une direction plus personnelle, plus ancrée dans l’intime que dans le manifeste.

Avec Songbird, il signe un disque à la fois discret et sincère. La pochette rouge attire d’abord l’œil – Capucine l’a bien repérée – mais ce n’est qu’une porte d’entrée vers un contenu plus feutré. Pas d’effets spectaculaires, ni de solos épiques. Juste des chansons bien construites, portées par une voix posée et des arrangements minimalistes. On est plus près d’un feu de cheminée que d’un stade rempli.

Un album qui ne cherche pas à briller, mais à durer

Dès le premier morceau, Songbird, on retrouve cette patte reconnaissable : une mélodie limpide, une voix presque chuchotée, et une impression de sincérité sans filtre. Before You Came prolonge cette atmosphère, tout en laissant poindre une mélancolie discrète, un peu comme un rayon de soleil filtrant à travers des rideaux un peu trop lourds.

Avec Daniel ou Again, l’album s’autorise quelques respirations plus pop, mais sans jamais perdre ce ton feutré. Il y a dans chaque morceau un refus de l’esbroufe. Jesse n’a pas besoin de crier ses émotions : il les distille, tranquillement, presque en confidence.

Et puis il y a Josianne – petite curiosité francophone dans le paysage anglo-saxon – ballade délicate au nom qui évoque un amour européen ou un souvenir un peu flou. L’influence folk reste dominante, mais avec une grande souplesse : Slick City flirte avec des sonorités plus urbaines, comme si Jesse s’amusait à jouer au citadin tout en gardant un pied dans la forêt.

Sugar Babe et les virées en Motorhome

Sur la fin du disque, deux morceaux apportent un ton plus vivant : Sugar Babe, probablement l’un des plus entraînants de l’album, et Motorhome, qui clôt le tout avec une touche presque malicieuse. On y devine un clin d’œil à la route, à l’indépendance, à ce mode de vie un peu bohème que Jesse n’a jamais vraiment quitté.

Ce n’est pas un final grandiloquent, mais plutôt une manière élégante de refermer la parenthèse : sur une note libre, roulante, presque complice.

Jesse, pour toujours

En 2025, l’année de son départ, la musique de Jesse Colin Young continue de traverser les époques avec une étonnante fraîcheur. Songbird n’est ni son disque le plus célèbre, ni le plus revendicatif, mais il a ce charme silencieux des albums faits sans prétention, avec cœur et constance.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *